En 1945, un navire de la marine américaine fut coulé par un sous-marin japonais, mais le naufrage du navire ne fut que le début du cauchemar des soldats. Quand l’USS Indianapolis fut torpillé par un sous-marin japonais vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, les 1 195 hommes à bord n’avaient que deux choix : rester sur le navire dévasté par les flammes ou se jeter dans les eaux infestées de requins.
Le naufrage de l’USS Indianapolis et le tragique épisode des attaques de requins qui ont causé la mort de tant de marins sont devenus l’un des récits les plus sombres de la Seconde Guerre mondiale.
Le 30 juillet 1945, l’USS Indianapolis était engagé dans la mission de transporter la bombe atomique Little Boy de la base aérienne de Tinian à l’île de Guam, où elle serait ensuite transférée sur un bombardier pour l’attaque sur Hiroshima. Le navire était l’un des croiseurs lourds les plus rapides de la marine américaine, et venait de terminer une autre mission secrète de transport à Saipan.
Alors qu’il naviguait vers Guam, le navire fut touché par deux torpilles lancées par le sous-marin japonais I-58. L’explosion a tué environ 300 marins, tandis que 900 autres se retrouvaient soudainement à l’eau en raison des flammes qui faisaient rage partout.
La plupart des survivants sont restés en mer pendant quatre jours et demi, sans nourriture ni eau, attendant le sauvetage. Pendant cette période, ils ont été constamment menacés par les requins qui se trouvaient dans les eaux environnantes.
Selon les témoignages des survivants, les attaques de requins ont commencé dès la première nuit, lorsque les marins se sont rendu compte qu’ils étaient entourés par ces dangereux prédateurs. Les requins attaquaient sans pitié, mordant et arrachant les corps des marins qui se trouvaient dans l’eau. Beaucoup de marins essayaient de nager près d’autres compagnons pour créer un groupe plus grand et se défendre contre les attaques de requins.
Les requins qui attaquaient l’USS Indianapolis étaient principalement des requins longimane et probablement quelques requins tigres.
Malgré leurs efforts pour se défendre contre les attaques de requins, de nombreux marins ont été tués. On estime qu’au moins 150 marins ont été tués par des requins pendant l’attente du sauvetage. Certains marins essayaient d’utiliser des gilets de sauvetage comme protection contre les attaques, mais dans de nombreux cas, les requins réussissaient quand même à les attaquer.
Sauvetage
Le 2 août, trois jours et demi après le naufrage du navire, les survivants ont été repérés en mer ouverte par un Ventura PV-1 et un PBY-2 Catalina lors d’une patrouille normale. Le lieutenant Wilbur « Chuck » Gwinn et le lieutenant Warren Colwell du Ventura PV-1 ont immédiatement largué un radeau de sauvetage et un émetteur radio, et toutes les unités aériennes et de surface disponibles pour le sauvetage ont été envoyées sur les lieux.
Le lieutenant-commander (USN) Robert Adrian Marks a été le premier à arriver sur les lieux avec un avion de patrouille amphibie PBY-5A Catalina, où il a repéré les survivants. Contre l’ordre permanent de ne pas atterrir en mer ouverte, Marks a décidé de faire atterrir l’avion avec des vagues de 3,7 m. Il a réussi à manoeuvrer et à récupérer 56 survivants, mais l’espace dans l’avion était limité, donc Marks a dû attacher certains hommes à l’aile avec le câble du parachute. Après le sauvetage, l’avion de Marks a été coulé par l’USS Cecil J. Doyle, car il n’était pas possible de le récupérer.
De nombreux survivants, blessés, ont souffert du manque de nourriture et d’eau, de l’exposition aux intempéries et des attaques de requins. Seuls 316 des près de 900 hommes à la dérive après le naufrage ont survécu, tandis que deux des survivants sauvés sont morts en août 1945. Des centaines de requins ont été attirés par l’épave et ont commencé à attaquer les survivants. Le nombre de morts attribuées aux requins varie de quelques dizaines à 150. La plupart des morts de l’Indianapolis sont toutefois imputables à l’exposition, à l’empoisonnement par le sel et à la soif/déshydratation.
La tragédie de l’USS Indianapolis et des attaques de requins est restée longtemps un épisode peu connu de la Seconde Guerre mondiale. Ce n’est que quelques jours après le sauvetage des survivants que la bombe atomique a été larguée sur Hiroshima, mettant fin à la guerre. Mais l’affaire de l’USS Indianapolis et des attaques de requins a fait l’objet de nombreuses enquêtes et réformes au sein de la marine américaine.
En particulier, on a découvert que le non-repérage du navire était dû à l’absence de contrôles adéquats et d’un plan de communication efficace entre les différentes unités de la marine. De plus, il a été mis en évidence que l’équipage de l’USS Indianapolis n’avait pas reçu la formation adéquate pour faire face à une situation d’urgence comme celle qui s’est produite.
Cette tragédie a conduit à la création de nouvelles règles et procédures pour la sécurité des marins en mer ouverte, y compris l’amélioration de la formation sur l’équipement de survie, la mise en place de systèmes de communication plus efficaces et la nécessité de garantir la disponibilité de navires de secours à proximité.
L’histoire de l’USS Indianapolis et des attaques de requins reste un important souvenir de la Seconde Guerre mondiale et de la lutte des hommes contre les adversités de la mer et de la guerre.
L’épave du navire a finalement été localisée le 19 août 2017. En août 2017, l’épave de l’Indianapolis a été localisée à une profondeur de 5000m par le « Projet USS Indianapolis », un navire de recherche financé par le co-fondateur de Microsoft Paul Allen. En septembre 2017, des images de l’épave ont été rendues publiques.
La mort du capitaine McVay
Le commandant Charles B. McVay III, qui avait dirigé le navire USS Indianapolis à travers plusieurs batailles jusqu’en novembre 1944, a survécu au naufrage du navire. Bien qu’il ait été l’un des derniers à quitter le navire, il a été sauvé quelques jours plus tard. En novembre 1945, il a été traduit en cour martiale avec deux accusations : celle de ne pas avoir ordonné à ses hommes d’abandonner le navire et celle d’avoir mis en danger le navire lui-même. McVay a été acquitté de l’accusation de ne pas avoir ordonné l’abandon du navire, mais il a été condamné pour ne pas avoir mis en pratique le zigzag, qui aurait pu éviter l’attaque du sous-marin japonais. Cependant, il y a eu beaucoup de controverses concernant la cour martiale, car il y avait des preuves que la marine elle-même avait mis le navire en danger et que McVay n’avait pas été informé de la présence du sous-marin. De plus, le commandant du sous-marin japonais a témoigné que le zigzag n’aurait fait aucune différence. L’amiral de la flotte Chester Nimitz a accordé la grâce à McVay et l’a réintégré en service actif. McVay a pris sa retraite en 1949 en tant que contre-amiral.
Bien que beaucoup des survivants de l’Indianapolis aient défendu McVay contre l’accusation d’avoir causé le naufrage, certaines familles des victimes l’ont blâmé pour la mort de leurs proches. McVay a été victime d’une culpabilisation croissante, jusqu’à sa mort par suicide en 1968, lorsqu’il s’est tiré une balle avec son revolver de marine. Il avait 70 ans.