La pêche au filet trémail est une méthode sélective utilisée dans de nombreuses régions côtières d’Europe. Le filet trémail, composé de trois nappes superposées, capture les poissons lorsqu’ils essaient de passer à travers les mailles, se prenant dans la couche centrale plus fine. Cette technique, bien que moins intensive que le chalutage, présente ses propres défis et avantages, notamment en termes d’impact environnemental et de durabilité des ressources halieutiques.
Qu’est-ce que la pêche au filet trémail?
Le filet trémail est constitué de trois couches de filets avec des mailles de tailles différentes. Les poissons passent à travers les grandes mailles du premier filet, mais se retrouvent piégés dans les mailles plus petites du filet central.
Cette technique est particulièrement utilisée pour capturer des espèces démersales telles que le bar, la sole et le turbot, qui sont d’une grande importance commerciale pour l’Europe.
Importance économique du filet trémail en Europe
La pêche au filet trémail joue un rôle économique significatif dans de nombreuses régions côtières de l’Europe, notamment dans des pays comme la France, l’Espagne, l’Italie et le Portugal. Ces pays, avec de vastes côtes et des traditions maritimes fortes, utilisent cette technique principalement dans la pêche artisanale. Par exemple, en France, dans des régions comme la Bretagne et la Normandie, la pêche au filet trémail contribue substantiellement aux revenus des petites communautés de pêcheurs.
L’Union européenne soutient cette forme de pêche artisanale, car elle est généralement considérée comme plus respectueuse de l’environnement et plus sélective que des méthodes plus intensives comme le chalutage. En termes de volume, cette méthode ne représente qu’une fraction du total des captures en Europe, mais elle reste cruciale pour des marchés locaux et des circuits de distribution à faible empreinte écologique.
Espèces ciblées et marché
Le filet trémail est utilisé pour capturer diverses espèces de poissons, souvent à forte valeur commerciale. Parmi les principales espèces ciblées, on trouve:
- Le bar européen (Dicentrarchus labrax)
- La sole (Solea solea)
- Le turbot (Scophthalmus maximus)
- Le merlu (Merluccius merluccius)
- Les sparidés (Dorades, sars,…)
Ces espèces, très prisées sur les marchés européens, sont vendues principalement dans les poissonneries locales, mais aussi exportées vers des pays où la demande est forte. Par exemple, la demande de sole et de bar est particulièrement élevée en France et en Espagne, et les prix sur les marchés peuvent être influencés par la saisonnalité et la qualité du poisson capturé.
Régulations et quotas
Comme pour toutes les pratiques de pêche en Europe, la pêche au filet trémail est soumise à des réglementations strictes pour garantir la durabilité des stocks halieutiques
. L’Union européenne impose des quotas de pêche pour certaines espèces, afin d’éviter la surpêche et de protéger la biodiversité marine. Ces quotas sont ajustés en fonction des recommandations scientifiques sur l’état des stocks et des écosystèmes.
Dans certains pays, des réglementations supplémentaires s’appliquent à la pêche au filet trémail pour minimiser les captures accidentelles et les impacts négatifs sur les habitats marins sensibles. Par exemple, en Méditerranée, où l’utilisation de filets trémail est répandue, des restrictions sont imposées sur les zones de pêche et la durée d’utilisation des filets, notamment pour protéger les jeunes poissons et les zones de reproduction.
Défis environnementaux
Bien que la pêche au filet trémail soit considérée comme une méthode relativement sélective, elle n’est pas exempte d’impacts environnementaux.
L’un des principaux défis est la capture accessoire d’espèces non ciblées, comme les mammifères marins ou les oiseaux. Cependant, comparée à des méthodes plus intensives comme le chalutage, la pêche au filet trémail a un impact moindre sur les fonds marins, car elle ne racle pas les habitats benthiques.
Les filets peuvent également poser problème lorsqu’ils sont perdus ou abandonnés en mer, un phénomène connu sous le nom de pêche fantôme. Ces filets continuent à capturer des espèces marines, perturbant les écosystèmes. Des initiatives ont été mises en place dans plusieurs pays européens pour récupérer ces filets perdus et pour encourager les pêcheurs à signaler ou récupérer leur matériel abandonné.
Le rôle des innovations technologiques
L’innovation technologique joue un rôle croissant dans la réduction de l’impact environnemental de la pêche au filet trémail. Des projets ont été lancés pour développer des filets plus sélectifs, qui permettent aux jeunes poissons et aux espèces non ciblées de s’échapper plus facilement. De plus, des capteurs électroniques sont parfois utilisés pour surveiller les filets en temps réel, permettant aux pêcheurs de réduire la durée pendant laquelle les filets restent dans l’eau, ce qui peut également réduire les prises accessoires.
Dans certaines régions, des filets « intelligents » sont en cours de développement. Ces dispositifs permettent de détecter la présence d’espèces non ciblées ou de poissons de petite taille et d’ajuster automatiquement la taille des mailles pour les libérer. Ces innovations ont le potentiel de transformer cette méthode de pêche en une pratique encore plus respectueuse de l’environnement.
Les consommateurs et la demande croissante de produits durables
Tout comme pour d’autres formes de pêche, les consommateurs européens s’intéressent de plus en plus à l’origine et à la durabilité des produits de la mer qu’ils achètent. La certification MSC et d’autres labels écologiques sont souvent exigés par les consommateurs et les détaillants, garantissant que les poissons capturés via des filets trémail proviennent de pratiques durables. En réponse à cette demande croissante, de plus en plus de pêcheurs adoptent des pratiques conformes aux critères de durabilité.
Dans les marchés locaux, cette prise de conscience se traduit par une préférence pour des poissons capturés localement, souvent par des méthodes artisanales comme le filet trémail. En achetant du poisson auprès de petites pêcheries locales, les consommateurs soutiennent des méthodes de pêche moins intensives et contribuent à la préservation des communautés de pêcheurs.
La pêche au filet trémail, bien qu’elle soit moins répandue que le chalutage, joue un rôle crucial dans l’économie maritime européenne, en particulier pour les pêcheries artisanales et locales. Elle offre une méthode de capture plus sélective et moins destructrice, mais des défis demeurent, notamment en matière de durabilité environnementale et de régulation des captures accidentelles. Grâce à l’innovation technologique et à des régulations plus strictes, cette méthode peut évoluer pour devenir une solution encore plus respectueuse des ressources halieutiques.
Le futur de la pêche au filet trémail dépendra de la capacité des pêcheurs, des législateurs et des consommateurs à collaborer pour garantir un équilibre entre la prospérité économique et la conservation des océans européens